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Ce petit poisson aurait favorisé la victoire d'Octave dans la bataille d'Actium

Publié par Michel Morvan le

D'après une légende établie dès l’Antiquité, et largement diffusée dans l’œuvre de Pline l’Ancien, ce petit poisson, en se fixant sur la galère prétorienne d’Antoine, la retint immobilisée et donna l’avantage à l’armée d’Octave, pourtant moins nombreuse et moins bien équipée.

L’Échénéis, ou Rémora, littéralement « le poisson qui retarde la course des navires » est doté d’un disque de succion sur la tête, qui lui permet de s’accrocher à son hôte pour se faire transporter. Sa légende, dont Aristote se fit l’écho, grandit au fil des siècles et lui prêta de nombreux pouvoirs surnaturels, au point que même Rabelais et Montaigne l’évoquèrent dans leurs œuvres. Le mythe prospéra à mesure que les flottes exploratrices et commerciales se développèrent. Puis vint le XVIIe siècle et l’émergence de la science moderne, expérimentale et quantitative, libérée de l’autorité des Anciens et de la Bible et guidée par la raison.

C’est à cette époque que Gaspar Schott, jésuite mathématicien et physicien, écrivit en latin son ouvrage La physique curieuse, dans lequel il s’intéressait aux anomalies ou bizarreries de la nature, au nombre desquelles il faisait figurer les « hommes douteux » : tritons, centaures, sirènes, cynocéphales

De ce bestiaire à la Prévert, Isabelle Jouteur et Mathilde Gazeau ont choisi d’extraire et de traduire, du livre X « Merveilles des animaux aquatiques », sa critique de la légende du poisson Rémora. Les auteurs retracent la démarche d’un scientifique de cette époque charnière, tenant d’un courant critique, qui tente de trouver une explication rationnelle aux pouvoirs surnaturels prêtés au poisson par les adeptes de la philosophie occulte. On assiste alors à une dissertation physiologique sur le poisson, qui jette les bases du raisonnement scientifique contemporain.

Gaspar Schott, La physique Curieuse – Livre X, « Merveilles des animaux aquatiques » Dissertation physiologique sur l’Échénéis ou Rémora. D’Isabelle Jouteur et Mathilde Gazeau. Collection Chartae neolatinae, dirigée par Béatrice Charlet-Mesdjian.


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